Quelle coïncidence !

Récemment, j'expliquai à de jeunes gars, qui appuyant sur une touche de leur tuner ou auto-radio pour choisir leur station musicale préférée, combien la CGT et ses militants avaient pris une part importante pour que ce simple geste d'écouter la bande FM soit aujourd'hui une réalité tout à fait banale.

Et d'expliquer succinctement l'histoire de Radio Quinquin.

Auprès de certains copains de mon syndicat, et encore plus récemment lors du congrès de la FNME CGT à Lille, j'ai attiré l'attention de Pierre Outerryck dédicaçant son livre témoignage sur Achille Blondeau sur la nécessité pour les historiens de rappeler la toute jeune 'histoire de notre radio "de luttes" du Nord Pas-de-Calais.

Je suis donc (très) satisfait d'avoir reçu hier un courrier de votre part annonçant un colloque en novembre prochain, date anniversaire de Radio Quinquin.

Devant assister à une réunion du parti (communiste) un soir de novembre 1979 à Auby, l'après-midi j'assistais à une réunion de militants de l'UD Nord à la demande de Charles DELAVAL, alors responsable du Collectif Régional des syndicats d'EDF GDF, qui entre autre était mon contremaitre principal et qui allait par la suite beaucoup m'aider pour pouvoir assister aux premiers mois d'existence de la "station" et qui fut une très belle aventure militante.

C'est là, lors de cette réunion que François Dumez nous parla de l'initiative de la création de Radio Quinquin qui devait émettre d'Auby dès le lendemain matin à 4h45. Si je me souviens bien, c'étaient des contrôleurs aériens de la région parisienne qui avaient la maitrise du matériel assez volumineux que représentait l'émetteur d'alors. Un appel fut lancé pour qu'un volontaire puisse s'occuper de la "technique" dès l'ouverture de l'émission du lendemain matin 5 heures.. "Silence radio", c'était le cas de le dire ! 

Jeune con, (et aujourd'hui un peu plus vieux,  toujours  con mais autant volontaire)   je levais mon doigt en indiquant toutefois mon ignorance de la question, ne sachant en effet reconnaitre qu'un 45 tours d'un 33 vynil de l'époque. Et c'est comme çà que je me suis retrouvé, bombardé, premier militant à la technique derrière une table de mixage que je découvrais pour la première fois de ma vie. Une rapide explication des copains, et le lendemain démarrait notre radio qui dura quelques années pour la plus grande satisfaction de la population.

Personnellement et bénévolement,  j'y ai passé plusieurs mois, partant de Loos à 3 h du matin, allant chercher Vincent Debeir à Lomme qui je pense n'avait pas de permis à l'époque et habitait chez sa maman. Nous arrivions au studio vers 4 H 15. Il fallait préchauffer pendant une dizaine de minutes l'émetteur et être à l'antenne pour les travailleurs qui commencait le boulot à 5 heures ou ceux qui sortaient du travail de nuit. J'étais assez disponible à cette époque, compte tenu des nombreuses heures supplémentaires que nous faisions au Gaz de France et que je récupérais pour mon activité militante, qui était beaucoup plus politique que syndicale.

Je passe sur les péripéties, nombreuses et savoureuses qui marquent pour toujours un militant. De la nuit de Noël 1979 à la technique "non stop" - quels souvenirs -, au jour de l'an toute la journée, nous alternions les équipes militantes. C'était aussi un défilé permanent de visiteurs dans le studio qui nous ramenaient ou leurs disques, parfois vieux donc rayés, à manger et à boire. Il y avait véritablement un besoin de cette radio qui donnait du souffle à nos luttes et autres combats contre le pouvoir giscardien.

Mais pour écouter la radio encore fallait-il avoir de quoi l'écouter. Il fallait donc acheter un poste à modulation de fréquence pour l'immense majorité des auditeurs qui traditionnellement écouter les grandes ondes et les stations historiques qu'étaient RTL,ou Europe n° 1. 

Avec les militants du secteur de Loos-Haubourdin, hier fortement industrialisé et où la CGT avait une réelle implantation, nous avions alors réussi à mettre l'auditorium de Boulanger à Emmerin (comme d'autres marchands d'électro ménager d'ailleurs sur la longueur d'onde 90 MHZ).

Progressivement on entendait  un peu partout le fameux "Radio Quinquin écouter vous vivre et lutter avec la CGT".  Des deux attaques politiques et policières contre la radio, (lors de la première, ma femme accouchait et j'étais à Auby), des écoutes collectives au Gaz de Loos, des défilés de mode de l'usine Leroy à Loos occupée par les travailleuses, de Danjou à Lomme ou grâce à Radio Quinquin et l'appel lancé aux militants, nous avions empêché le déménagement de l'usine,  les copains du syndicat d'EDF GDF ayant coupé l'électricité de tout le secteur, en passant par la décentralisation des émissions (avec René Caura, nous nous sommes retrouvé sur le toit de la maison du peuple d'Halluin pour monter l'antenne bricolée et devant une tonne (j'exagère mais à peine), alors que nous croyions tous deux, être convoqués à l'UD pour une réunion à 5 h du matin), la radio de la CGT a été une belle et formidable aventure pour ceux qui l'ont vécu de l'intérieur. Mais pour les autres aussi je pense.

Des histoires nous en avons à la pelle, et il est bien que nous nous penchions collectivement sur Radio Quinquin, car qui sait aujourd'hui, que Pierre Mauroy, disant alors "assez d'anarchie sur les ondes" a donné le prétexte à cette invasion policière digne des heures sombres de notre pays.

Il me reste en mémoire une chanson que les gaziers ont fait à l'époque sur l'air du Petit Quinquin et que je vous recopierai..

Avec tant d'autres, je serai heureux de participer en novembre prochain au colloque de l'irhs.

Je préviens quelques copains du secteur de Loos-Haubourdin ayant participé activement à la vie Radio Quinquin Bernard Prévot, André Deconninck

Fraternellement et bon succès à vous.

Yvon QUINTIN